Philotozzi L'apprentissage du Philosopher

Projet de recherche en vue de l’inscription à l ’École Doctorale « Espace, temps, civilisations » Sciences de l’éducation

Directeur de Recherche : Michel TOZZI

« Philosopher avec des enfants est le comble de la philosophie »1 pour François…

Galichet. Pour d’autres, la philosophie est affaire de spécialistes, puisqu’elle requiert un vocabulaire spécifique, des références doctrinales, au minimum une certaine capacité d’abstraction et une maturité intellectuelle et cognitive. Pourtant, depuis quelques années en France, de nombreuses expériences sont menées. Plusieurs travaux de recherches sont en cours pour étudier comment et dans quellesconditions « philosopher avec des enfants » est possible et pour analyser l’impact de ce travail sur le rapport au savoir, aux autres et au monde de ces jeunes élèves. Nous souhaitons participer à ces interrogations dont les enjeux pourraient avoir une influence significative sur les jeunes écoliers autant que sur les institutions censées de les éduquer.

Dans un précédant travail2 nous avons suivi les discussions à visée philosophique des élèves d’une classe grande section maternelle (cycle II) pendant seize mois. Toutes les séances ont été retranscrites et rassemblées, ce qui a permis de suivre le développement des idées et réflexions tant au niveauintrapersonnel qu’au niveau des échanges interpersonnels.

Nos analyses portaient d’une part sur la création d’une situation de réflexion adaptée aux très jeunes enfants (cinq ans au départ) et sur l’évolution progressive de celle-ci en fonction des capacités de ceux-là. Nous avons observé et analysé les différents rôles, leurs effets sur l’enfant acteur et surle groupe, et nous avons essayé de comprendre comment l’enfant s’y prend pour les habiter. Nous avons également tenté d’analyser la dynamique créée à l’intérieur de cet espace potentiel. D’autre part, nous avons analysé le cheminement cognitif de trois enfants durant cette même période. Nous voyons comment l’enfant agit et réagit dans l’immédiat, en tant queparticipant à la discussion ou en tant qu’animateur, mais aussi comment la pensée de l’enfant évolue dans le temps.

Dans le cadre de notre thèse nous souhaitons approfondir ce travail de réflexion et d’analyse dans le cadre d’une thèse qui s’intitule provisoirement

« Discussion à visée philosophique à partir du cycle II : l’entrée dans la co-réflexion du très jeune enfant ».

Nous posons comme hypothèse que la discussion à visée philosophique proposée au cycle II favorise l’entrée dans l’écoute de l’autre, facilite l’émergence de la « pensée inventée » et convoque l’enfant à la co-réflexion. Nous posons également l’hypothèse qu’uneprocédure peut favoriser un processus, ce qui signifie dans le cadre de ce travail qu’un espace spécifique facilite la co-construction de la pensée réflexive.

Nous souhaitons comprendre comment l’enfant sort de son syncrétisme, comment il invente et remodèle ses pensées et son langage. Comprendre également comment les discussions à visée philosophique lui permettent d’entrer progressivementdans la co-réflexion avec ses pairs, et comment cette capacité l’amènera finalement à « penser par lui-même ».

Nous souhaitons également comprendre en quoi les différents rôles influencent la qualité du débat, et étudier les adaptations nécessaires pour tenir compte de l’évolution importante des capacités cognitives des enfants en constant devenir(ici ils passent de 5 à 9 ans).

Pour étayer notre hypothèse nous suivons un groupe d’enfants participant d’une manière régulière à une discussion à visée philosophique pendant quatre ans et demi, soit depuis la grande section maternelle (rentrée 2000) jusqu’au cours moyen I (février 2004).

Nous observerons les enfants lors de chaque atelier, nous suivrons les différents aménagements du dispositif et relèverons les conséquences directes ou indirectes. Par respect pour les enfants, seules quelques séances vont être filmées. Plusieurs thèmes vont être traités chaque année. Les discussions seront enregistrées sur cassettes audio et retranscrites.

Nos analyses longitudinales porteront sur l’évolution du dispositif pendant cette période et sur l’impactde celui-ci sur chaque animateur, sur le groupe et sur la qualité du débat. Des analyses quantitatives mesureront le développement des capacités linguistiques des animateurs. Une analyse longitudinale qualitative portera sur les échanges interpersonnels d’une part, sur le cheminement individuel de trois élèves d’autre part.

Ce travail devra permettre de mieux comprendre comment l’enfant entre dans l’altérité et en quoi celle-ci peut être source d’un « penser par soi-même ». Cette compréhension permettra de mieux moduler le dispositif en fonction de l’âge et pourra déboucher sur un modèle didactique original, afin que l’enfant puisse garder ouvert sa curiosité existentielle et l’intérêt porté à autrui.

Nos sources bibliographiques

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Notes
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1 Galichet F, Professeur de Philosophie lors du colloque « Quelles pratiques de la philosophie à l’école et dans la cité ? », CRDP de Rennes, mai 2002

2 Treiber-Leroy (J), « La pensée inventée » : Philosopher avec des enfants du cycle II, DEA, Montpellier, 2002