Identité(s), compétences, formation dans l’accompagnement à l’innovation
Atelier animé par Michel Tozzi et Kristel Godefroy
« Demander un accompagnement , c’est accepter de faire entrer ma sincérité dans un travail de vérité. Domaine de la délicatesse où la parole livrée est reçue, où un sens esquissé se trouve confirmé, où un accord se fait sur une réalité qui dépasse l’accompagnant et l’accompagné. » Annie…
WELLENS
L’ordinaire des jours DDB, 1997
Durant ce séminaire, nous avons cherché à donner forme à la posture d’accompagnement à l’innovation. Comme souvent, la recherche est à la fois cheminement, aventure et sculpture de la forme à faire émerger. Notre groupe est donc parti à la conquête de l’identité de l’accompagnateur, de ses compétences et de la formationadéquate. Difficile de dire si nous avons réussi à dévoiler une forme simple qui contiendrait l’essentiel des composantes de l’accompagnement. Complexité sans doute de la signification de l’accompagnement comme une manière d’être activement aux côtés de , d’être en liens tissé de part et d’autre, liens liés et déliés au fur et à masure de l’accomplissement de l’innovation, calligraphieoriginale. C’est pourquoi l’écriture fait sens dans la pratique de l’accompagnement en tant que compagne de mémoire, de traces, de preuves mais aussi de style, de clarté et de significations.
En y regardant de plus près, les expériences d’accompagnement nous sont effectivement familières. Nous sommes quotidiennement témoins d’évolutions, de changements, de transformations avec les autres et en nous-mêmes. Mais cela ne faitpas forcément de nous des accompagnateurs.
Comment s’opère cette formation ? Quels passages emprunter pour devenir des accompagn-acteurs, des accompa-gagnants, ac-compagnons, de bonne ac-compagnie? ? Engagé dans le désir d’être juste, clair et lucide, le groupe a produit au mieux des esquisses de définitions, au pire des hypothèses ouvertes à l’interprétation.
Des outils pour connaître etcomprendre la complexité
Travailler avec la complexité, la réalité des expériences d’accompagnement en innovation suppose de se doter d’outils de mise à distance du vécu. L’analyse des pratiques par le GEASE (groupe d’entraînement à l’analyse des situations éducatives) est un dispositif adapté à cette démarche. Cependant, nous avons pris le temps d’ouvrir la réflexion àd’autres supports signifiants . Le passage par des formes d’expression narratives ou métaphoriques a permis aux participants d’articuler la sensibilité et la rationalité à l’oeuvre dans la relation d’humanité qui s’instaure entre accompagnés et accompagnateurs, particulièrement dans le processus créatif de l’innovation. Nous nous sommes donc appuyés sur ces productions pour construire notre propos.
I QuellescompÉtences attendues ? Quelles pratiques envisager ?
Comment connaître l’identité professionnelle d’un charpentier ? Pour ma part, si cela est possible, je préfère voir comment il fait son métier, avec quels outils, quels instruments, à quel moment, en compagnie de quels autres professionnels, à partir de quels savoirs avant de me faire une idée concrète de l’identité du charpentier.
C’est pourquoi, nous avons proposé aux accompagnés et accompagnateurs de rédiger un appel d’offre ou une lettre de motivation qui permettraient de se représenter les compétences requises pour l’accompagnement à l’innovation. A partir de ces productions, le groupe a formalisé une analyse réflexive mais non exhaustive des compétences attendues. Si certains écrits forcent le trait, ils n’en contiennent pas moins desindicateurs pertinents de professionnalisation de l’accompagnement au sein de l’Education Nationale. Cinq textes se sont dégagés.
Texte 1 Appel d’offre :
Recherchons accompagnateur d’innovation , les candidats devront posséder :
• une expérience diversifiée au niveau de l’enseignement initial et de la formation des enseignants
• une expérience professionnelle bénévole ou associative hors cadre de l’Education Nationale serait éventuellement appréciée
• Il est attendu des candidats un sens de l’écoute, de la disponibilité et de l’organisation sans pour autant être directif
Texte 2 Réponse à un appel d’offre :
Suiteà ma participation au colloque « Accompagner l’innovation », j’ai pris connaissance de votre appel à candidature . Consciente que je ne réponds pas au tout premier critère de sélection pour être accompagnatrice à l’innovation, c’est à dire faire partie de l’Education Nationale, je me permets tout de même de vous proposer ma candidature. Je fais donc à priori l’hypothèse que ce poste pourraitêtre occupé par une personne extérieure au système scolaire.
En effet, pour moi, être accompagnateur à l’innovation, c’est avant tout avoir des qualités d’écoute, d’observation et de discrétion nécessaire à une position de recul face à une équipe accompagnée. Par ailleurs, c’est s’entourer d’outils, de méthodes, de personnes ressources auxquels se référer entenant compte de la spécificité de chaque situation innovante et surtout de l’équipe accompagnée.
C’est aussi être en capacité d’intervenir à la demande de l’équipe ou si l’on juge que la situation le nécessite. Mais c’est toujours agir avec l’intention de débloquer une situation et non de la résoudre, de donner à réfléchir sans apporter de solution.
Etreaccompagnateur nécessite une formation : avoir une connaissance des méthodes d’analyse des pratiques ainsi que de connaître les attentes de l’institution. Mon jeune âge et mes débuts dans la vie active ne m’ont pas permis de multiplier des expériences et de m’armer autant que nécessaire. Cependant , ma mission de formatrice à l’UFCV ainsi que ma préparation au DEFA m’ont déjà permis de poser quelques dalles sur lechemin. De plus mon rôle de coordinatrice de projets innovants au « MV », garante du projet éducatif et celui d’« accompagnatrice » des directeurs de centre m’incitent à faire le lien avec le rôle d’accompagnatrice à l’innovation?
Texte 3 Lettre de demande d’intervention :
Nous sommes une équipe quitravaillons sur un projet (dont le thème importe peu). Nous avons besoin d’une personne pour nous aider à analyser la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui. Nous ne voulons pas d’un spécialiste, d’un théoricien c’est à dire une personne qui ne serait jamais sorti de l’école mais une personne qui ait une expérience variée, aguerrie aux techniques d’analyse de pratiques pour faire émerger nos besoins et nous permettred’évoluer. Nous voulons rester garant de la venue ou non de l’accompagnateur.
Texte 4 Annonce de candidature :
Vous venez de vous engager dans une aventure inédite, susceptible d’entrer dans l’histoire de l’innovation. Vous souhaiteriez pour vous accompagner une personne qui puisse vous offrir :
• Une main secourable
• Une oreille attentive
• Une présence non pesante
• Des mouchoirs jetables
• Un miroir, une canne
• Un numéro de téléphone joignable 24 h sur 24
Texte 5 Réponse à une sollicitation :
Vous m’avez choisi pourêtre accompagnateur d’une action innovante et je vous informe que je refuse cette fonction pour les raisons suivantes :
• je ne peux écouter qui que ce soit plus de cinq minutes
• je fais toujours référence à mon vécu comme exemple
• j’impose toujours mes idées même et surtout les mauvaises
• j’ai toujours refusé detravailler en équipe
• je ne connais rien aux rouages du système éducatif
• je ne tiens pas à être dérangée dans mon train train quotidien
• enfin, le sujet ne m’intéresse pas.
Avant de donner les éléments de réflexion du groupe, je souhaite, de ma place de formatrice, faire une proposition de catégorisationissue de l’ouvrage collectif « L’accompagnement en éducation et formation : un projet impossible ? » Je m’appuie sur ces catégories dans ma pratique quotidienne d’accompagnement des enfants malades et de leurs familles ainsi que de bénévoles ou de chefs d’établissement dans l’analyse de leurs actions, de leurs décisions .En effet ces textes rejoignent des domaines de compétences qui peuvent êtredéfinies comme des « compétences situationnelles, communicationnelles et temporelles pour construire un agir sensé ».
Les textes 1 et 2 abordent les compétences situationnelles d’ancrage de l’accompagnement dans les institutions par la connaissance des milieux professionnels ou associatifs et dans l’aptitude à suivre des projets de créativité ou d’innovation , de façon responsable, engagée. Dansle texte 2, l’extériorité du candidat accentue le besoin d’un tiers formé, qui de fait doit disposer d’outils, de méthodes agissant en qualité de garant de l’action commune. Son autonomie professionnelle fait l’objet d’un rééquilibrage par l’explicitation d’un cadre de relations et de modes d’intervention.
Le texte 3 articule les compétences situationnelles et communicationnelles par l’aptitude à l’analyse des situationsd’accompagnement. Cet écrit sous forme de demande est assez proche des modalités de l’accompagnement des personnes en fin de vie ou de l’accompagnement spirituel. Il y est fait appel à des compétences d’aide à l’analyse, au dévoilement de l’expérience de l’innovation à la demande de(s) accompagné(s).Au cours des deux GEASES, les situations évoquées ont montré que la confusion des motifs d’agir ou de rester dansl’impasse était importante et que les compétences en actes s’éloignent facilement d’un référentiel pur et systématiquement applicable.
A l’issue des GEASES, certains participants ont apprécié la posture d’accompagnement de l’animateur qui s’appuie sur des aptitudes d’aide active à l’élucidation en commune recherche, qui suppose écoute, présence et recul. D’autres ont ressenti ces compétences commetrop contraignantes.
Ce qui nous amène au troisième type de compétences dites « temporelles » que les textes 4 et 5 abordent plus particulièrement sous une forme humoristique. Il faut effectivement faire preuve d’endurance, de présence et de rythme pour faire face aux exigences éthiques de l’accompagnement : faire face à la difficulté, à l’hésitation, au doute, accepter l’autre dans satotalité. Nous ne sommes pas étonnés de voir que les textes les plus humoristiques sont porteurs de l’ambivalence, des limites, des paradoxes incontournables et qu’il est « heureux » de voir abordés dans cette recherche de sens.
Le travail de problématisation qui a suivi la production de ces textes a conduit le groupe à formuler quatre champs auxquels pourraient se référer les compétences del’accompagnateur à l’innovation : l’expérience, la présence, la distance et l’aide.
EXPERIENCE :
• diversifiée dans l’Education Nationale et/ou hors EN (secteur associatif, syndical)
• d’innovation
• d’accompagné
• de logiques de formation différente de l’EN, issues d’autres professions
• d’animation de groupe
PRESENCE :
• disponibilité
• adaptabilité
• écoute dans la durée
• reformulation
• partage et mutualisation
• forte personnalité
• implication
• non pesant
DISTANCE :
• recul
• ne s’érige pas en modèle
• insuffle
• sait se taire pourécouter
• trouver la bonne distance
• être souple (tutorat, formation?)
• reformuler pour favoriser l’émergence des besoins, des désirs.
• Sait observer
AIDE :
• gestion et régulation d’une équipe innovante
• analyser sa pratique
• aider un groupe à analyser sa pratique
• expliciter, faireexpliciter
• aider à écrire pour soi, pour les autres
• négocier un cadre structurant
Qui peut posséder de telles compétences ? Le retour sur la réflexion a parfois laissé une sensation de vertige aux accompagnateurs comme aux accompagnés. Comment aborder ce trouble alors qu’il nous faut poser la question de l’être ? Afin de faire émerger les représentations, nousavons privilégié l’expression métaphorique à laquelle succède la reprise réflexive qui tente de faire un portrait sensible de l’accompagnateur à l’innovation.
II L’identité de l’accompagnateur : comment s’ébauche-t-elle ?
L’investigation dans l’identité professionnelles est un moment délicat de l’explicitation de son rôle et de sa place dans un système.Accompagnés et accompagnateurs donnent à voir des personnalités globales dans lesquelles observateurs ou analyseurs vont chercher à prélever quelques indices pertinents pour donner sens et forme à l’action commune. Lors de la relecture des travaux de l’atelier, j’ai éprouvé le besoin d’associer aux métaphores des termes en écho susceptibles d’approfondir l’identité de l’accompagnateur en toute subjectivitédonc? (termes entre parenthèses) Les participants ont tout d’abord répondu à la proposition de produit une métaphore à partir de l’embrayeur suivant :
Etre accompagnateur , c’est comme :
« Répondre à un appel à la hotline où l’ écoute est immédiate (urgence, expertise, professionnel)
Partir en voyage non organisé,à l’ aventure ( inconnu, incertitude, non maîtrise, découverte, hasard)
Une montre molle qui soudain se mettrait à indiquer l’heure (interpellation, événement éveil, direction, repère)
Une girafe pensive ( ignorant, innocent)
Une vache qui rit qui réfléchit ( réflexif dans l’action, humour, décontraction)
Un bois dur et tendre ,on s’appuie sur, on prend des coups (référent, limite transgression, parent)
Le papillon qui induit un courant d’air mais pas un ouragan poussée ( Pygmalion, dynamique, fluidité)
Une mère qui apprend à son enfant :elle le soutient sans le tenir, le laisse tomber sans qu’il se fasse mal, l’encourage sans le presser (éducateur, lien, bienveillance, attention, transmission)
« Aide-moi à faire tout seul !» Montessori ( médiateur, tuteur, passeur, émancipateur)
Une goutte suspendue au bout d’une branche qui attend qu’on l’invite à tomber (accoucheur, sagesse, maturité, autonomie)
Un Sherpa, le temps d’un étage : on pose le sac et on repart (soutien, délestage)
Celui qui est en rappel, qui tient lemousqueton nécessaire dans l’escalade, mais seulement dans l’urgence. » (protection, anticipation rassurant, équilibre).
La synthèse réflexive a abouti aux propositions suivantes :
• L’identité repose sur un profil dominant de facilitation
• L’accompagné reste le vrai pilote
• L’accompagnant est disponible à la demande, il écoute, il ne fait pas diremais aide à expliciter, il exerce une vigilance dans la présence comme dans la prise de recul, il sait ne pas être là , il porte un regard croisé, il partage les situations et le vécu, il est complémentaire.
Cette approche de l’identité de l’accompagnateur fait apparaître ce qui peut se jouer dans les processus d’innovation : l’aventure, l’incertain, le risque , la croissance, la transformation, latransgression, l’action sur l’environnement, la créativité, l’énergie, le travail, la force, la faiblesse, la vulnérabilité. C’est dire que l’exigence demandée à l’accompagnateur est à la hauteur des défis que l’accompagné se donne ou imagine devoir atteindre. On peut faire l’hypothèse que l’accompagnateur se révèle dans son aptitude à accompagner un processus dynamique du désir del’accompagné afin de favoriser l’ajustement au réel. L’accompagnateur entre témoin et coach d’un ajustement créateur, tente de détenir les clefs d’une identité de clarificateur, de compagnon, de facilitateur mais aussi de vigie.
La complexité de l’identité de l’accompagnateur est le miroir des richesses des pratiques et donc , de leur diversité. Ainsi, lors des GEASE, un directeur d’école accompagnés’interrogeait sur la légitimité de son action. Etait-il porteur avec son équipe d’une innovation ? Dans une autre situation, une enseignante superposait une identité de professeur, de formatrice, d’artiste et de militante au service de l’innovation : pouvait-elle tenir toutes ces places ? Comment faire en sorte que toute la richesse de postures puisse répondre avec le plus de justesse possible aux questions récurrentesd’ « Au nom de quoi ? » et « Qui suis-je pour innover ou accompagner à l’innovation ? »
Certains participants ont pointé la dérive de telles interrogations, si ces dernières ne s’appuient pas sur les finalités de l’innovation concernant les effets sur le développement cognitif et affectif des élèves et la nature des apprentissages réalisés dans un cadreinnovant.
L’accompagnateur qui est très souvent un formateur n’est pas explicitement autorisé à intervenir dans ces champs de compétences qui façonnent professionnellement l’identité des accompagnés innovants. Les GEASE ont porté une interrogation sur cette ambiguïté de la « non-intervention » sur l’objet de l’innovation : ce dispositif d’analyse a pu être le lieu du dévoilementdes ressorts éthiques et déontologiques d’une relation d’accompagnement. N’a-t-on pas à partager explicitement les enjeux du sens d’une innovation au c?ur même de l’accompagnement, afin de préserver la légitimité des acteurs et ainsi d’assurer les identités professionnelles en mutation ?
Dans l’ouvrage précédemment cité, il est fait appel à un principe d’alliance qui donne à l’éthique« une structure de dialogue » qui a pour base des principes de loyauté et de fidélité, c’est à dire de solidarité. Nous avons ressenti ce sentiment de solidarité dans le groupe lorsqu’ accompagnés et accompagnateurs faisaient face à la difficulté de se définir, d’être bien à sa place, d’être juste. Il en a résulté une prise de conscience plus affirmée duréel, une libération de la parole, de l’imagination et de la créativité propices à l’innovation. C’est dans ce rapport d’expression mutuelle que les participants ont pu élaborer un projet de formation à l’accompagnement à l’innovation.
III Quel type de formation serait souhaitable ?
Les participants ont construit un projet de formation selon trois axes, l’axe du dispositif, l’axe ducontenu et l’axe de la finalisation. A plusieurs reprises, l’idée de mixité d’approches de l’accompagnement en formation s’est imposée comme un principe garant d’une relation sincère et honnête entre accompagnés et accompagnateurs. L’idée d’une formation à la carte, à la demande est intervenue de façon récurrente, gage d’une souplesse qui conduit à l’efficacité.
A la lumière de cesperspectives, le projet de formation a été ainsi décliné :
• Ce qui relève du dispositif :
- mettre en présence des binômes composés de novices et de personnes expérimentés
- individualiser le parcours de formation.
• Ce qui relève du contenu :
- Analyser unepratique en parlant de sa pratique d’accompagnateur dans un travail de supervision
- Analyser une pratique d’écoute
- Travailler la posture de l’écoute dans ce cadre spécifique
- Former à l’écriture et à l’aide à l’écriture
- Travailler la démarche d’innovation et l’évaluation de l’innovation.
• Ce qui relève de la finalisation :
- mener une réflexion sur les valeurs
- appréhender les finalités de l’accompagnement en étudiant l’articulation entre la relation, l’écriture et l’action efficace.
Quels professionnels , quelles personnes , quels dispositifs sont en mesure de mettre en oeuvre une telle formation ? A l’évidence, des spécialistes de l’écoute et de l’analyse, des professionnels de lasanté, de l’animation , du social, de la psychologie mais aussi des cadres de l’Education Nationale qui bénéficient de formations précieuses dans ce domaine. Il faudrait oser faire appel à des bénévoles de l’accompagnement à la scolarité, de l’accompagnement des personnes âgées, malades ou des militants pédagogiques qui ont acquis une expertise dans le suivi des contrats éducatifs locaux ô combieninnovants.
Ce qui est cependant le plus sûr et immédiatement disponible c’est l’intelligence collective des professionnels de l’Education Nationale qui acceptent de regarder avec lucidité leurs conduites sans jugement. Des équipes éducatives qui rassembleraient les enseignants, les CPE, le personnel ATOS et des associations impliquées dans les projets d’établissement ou des groupes plus restreints procèderaient à une analyserigoureuse et stimulante des innovations Des animateurs de ces analyses seraient repérés pour leurs compétences et leur extériorité. Tout ceci pourrait déboucher sur des laboratoires de recherche-action à proximité, concrets ,cohérents et responsables. Souplesse et accessibilité n’empêchent pas d’oeuvrer au dépassement d’une réalité immédiate et inadéquate. André Sirota,psychologue, a rappelé lors de l’Université de l’Education Nouvelle de Val Louron (août 2002) l’importance de trouver un moyen de participer a un lieu où parler régulièrement de ce que l’on vit, et penser ce que l’on vit et ce que l’on fait.
« Nos actions ne sont pas la résultante de nos projets rationnels et conscients, elles résultent de nos enjeux inconscients et de leurs frottements avec ceux des autres. Sinous voulons savoir ce que nous avons fait, il faut toujours en passer par une analyse rétrospective et par le regard des autres, qu’ils aient ou non vécu la même expérience, qu’on l’ait ou non vécue en commun avec ceux à qui l’on relate nos actions pour les analyser et les élaborer dans l’après-coup ?Analyser, élucider après coup et avec d’autres suppose de notre part une curiosité profonde pour le fait psychique etle fait psychosocial et une capacité de plaisir culturel partagé? ».
Si le travail du groupe s’est orienté vers la condition des accompagnateurs , il a tenu à prendre en compte l’identité de l’accompagné qui est le partenaire de l’accompagnement. Il nous a semblé important de rappeler la nécessité d’un partage de formation dans leur direction, autre forme d’éthique de l’équité, de lasolidarité. Une formation innovante donc !
Rédactrice Kristel Godefroy.
Kristel Godefroy est responsable du pôle Accompagnement de l’enfant et de sa famille à l’Association des Pupilles de l’Enseignement Public de la Loire-Atlantique et animatrice ,dans le cadre de la formation au management, de GEASE auprès de chefs d’établissements et de cadres administratifs de l’Education Nationale.
Michel Tozzi estprofesseur en sciences de l’éducation à l’université Montpellier 3, et directeur du Centre d’Etude et de Recherche sur les Formes d’Education et d’Enseignement (CERFEE-IRSA).