Compte rendu du 5ième printemps des Universités Populaires
5ième printemps des Universités Populaires (UP)
24-27 juillet 2010 – Bruxelles
Compte rendu (1)
C’est l’Université Populaire de Bruxelles, après les UP de Lyon, Narbonne et Perpignan, Saint Brieuc, et l’UCP du 93, qui a pris cette année le relai. Ce sera celle d’Aix en Provence l’an prochain. Une quinzaine d’UP étaient représentées, avec une composante internationale accrue (Belgique, Québec, Ile Maurice, France).
L’effet contexte est apparu essentiel :
- au niveau géographique et culturel (situation linguistique en Belgique, au Québec, à l’ile Maurice ; composition plus ou moins populaire et multiculturelle de l’environnement – 143 nationalités dans le quartier Saint-Gilles de l’UP de Bruxelles – ayant des effets sur le public touché etc.) ;
- au niveau de l’histoire et de la genèse de chaque UP (l’UP de Montréal provient en partie d’un groupe ayant organisé quatre nuits annuelles proposant chacune 24h de philosophie, sous des formes très diversifiées ; l’UP de Bordeaux fait suite à une lutte d’étudiants, celle de Bruxelles est issue d’une trentaine d’années d’un réseau associatif et syndical lié à l’éducation de couches populaires etc.).
Au-delà d’une grande diversité des UP représentées, il semble y avoir un consensus sur certains principes : revendiquer l’identité collective d’une UP ; donner des clefs pour la lecture d’un monde complexe et brouillé ; gratuité des participants et bénévolat des intervenants (la culture n’est pas ici une marchandise) ; égalité du droit des hommes au savoir ; partage du savoir ; liberté de penser, et de penser ensemble (souci que des financements n’empêchent pas une liberté de parole critique) ; possibilité d’expérimenter certaines pratiques dans un lieu éducatif non institutionnalisé…
La philosophie joue un rôle, sous forme de conférences ou d’ateliers, dans nombre d’UP.
L’apport de nouvelles UP a été déterminant pour déplacer certaines questions, et en faire émerger d’autres. Ci-dessous non pas une synthèse mais un aperçu problématisé – sous forme notamment de tensions – des questions soulevées.
Vous avez dit « Université populaire » ?
- Qui dit « Université » renvoie à une élaboration et une transmission de savoirs ; lesquels se veulent porteurs d’une certaine qualité : méthodologie, rigueur, rationalité… Qu’en est-il alors dans les UP, qui revendiquent leur « U » ?
Première tension, entre Université et université « populaire ».
Faut-il transmettre les savoirs académiques, labellisés, dans la mesure ou le savoir peut apparaître en soi comme « critique », délivrant de l’apparence, l’opinion, le préjugé, l’ignorance, vertu en soi émancipatrice, comme l’affirment l’idéologie des Lumières et le projet républicain français ? Mais il peut y avoir une manipulation du et par le savoir (ex : les orientations de la recherche déterminées par les financeurs, les hommes politiques justifiant leurs décisions par la légitimité scientifique des experts, l’histoire à l’école manipulée par le nationalisme etc.).
Faut-il alors plutôt s’intéresser davantage aux « savoirs critiques », jugés émancipateurs par leur subversité, prioriser certains savoirs par rapport à d’autres (ex : la radicalité critique de la philosophie, les théories économiques alternatives et non néo-libérales, la sociologie dite critique etc.)? Un savoir « critique » serait alors celui qui dévoile des mécanismes de domination, celui qui par ses effets de conscientisation peut être un levier de transformation sociale ; celui qui éclaire les « questions socialement vives », qui traversent la société (ex : l’intégrisme religieux, le terrorisme, le chômage, les retraites etc.). Il y aurait alors à privilégier la philosophie et les sciences humaines et sociales par rapport aux sciences dures…
Par ailleurs, ne faut-il proposer que des savoirs universitaires, les « savoirs savants » ? Ou penser aussi, dans une perspective d’égale dignité des savoirs, dépassant notamment le clivage intellectuel/manuel, à d’autres types de savoirs, individuels et collectifs (ex : professionnels, associatifs, syndicaux etc.), des « savoirs sociaux », valorisant les acquis de l’expérience (« savoirs d’expérience »), de la pratique (« savoirs d’action »), plus largement de la vie ?
Autre point : les témoignages d’associations d’alphabétisation ont rappelé que les « savoirs de base » (lire, écrire, compter) sont fondamentaux pour certains immigrés ou couches dévalorisées : mettre des mots sur un vécu ou une situation subie peut favoriser des prises de conscience émancipatrices… Il peut y avoir un usage critique de l’acquisition de savoirs de base. Naît alors une tension, qui peut ou non s’articuler : celle entre une finalité d’adaptation, d’intégration sociale et professionnelle, et celle de résistance à la domination et à l’exploitation. L’association Lire et écrire de Bruxelles n’utilise pas pour ces apprentissages n’importe quels contenus ou consignes de production…
Les Universités « alternatives » françaises, à la suite de l’UP de Caen, ont par ailleurs choisi la rupture avec l’université classique, qui délivre des diplômes, comme d’autres UP plus anciennes qui travaillent sur l’éducation permanente (ex. Strasbourg ou Mulhouse). L’UP de Bruxelles a insisté sur cette importance de la certification pour des publics dévalorisés, reconnaissance sociale et symbolique de compétences acquises (ce sont les diplômés qui trouvent le diplôme à l’UP inutile !). Il y a là tension au niveau des finalités poursuivies. L’UP de Paris 8 est de ce point de vue originale, car elle fait partie de l’université : aucun diplôme pour y rentrer, mais on peut en ressortir avec un diplôme bac+2 d’éducation populaire…
Une autre façon d’agir dans les UP est de travailler pas seulement la transmission de savoirs critiques ; mais la réception critique des savoirs, même quand ils se veulent critiques ; travailler le rapport au savoir, pour ne pas le statufier, lui donner un aspect quasi religieux. Modifier son rapport au savoir suppose plusieurs éléments : penser qu’on est capable de l’acquérir, voire de le créer (on dispose de savoirs qu’on ignore), qu’on est intelligent (rapport d’estime de soi et de confiance en soi).
De la part des responsables et des intervenants, cela implique d’accepter le postulat de l’éducabilité de tous ; et de développer une conception non dogmatique du savoir : car le savoir, même scientifique, est toujours le produit d’une histoire qui continue d’évoluer (pas de vérité absolue et définitive), le fruit d’une discussion (il est discutable) ; il tente de répondre à des questions que l’humanité s’est posée et se pose, qu’il faut expliciter car c’est ce qui lui donne un sens à la recherche et à l’élaboration doctrinale (il faut donc problématiser les apports) ; il est relatif (une vérité d’aujourd’hui peut s’avérer une erreur demain), même s’il n’est pas arbitraire parce qu’il tente d’administrer la preuve…
- Deuxième tension : il y a « Populaire » et « Populaire ». Populaire renvoie à la notion de peuple. Mais quel est ce peuple ?
L’ensemble des citoyens ? Il s’agit alors, dans la perspective de Condorcet et des Lumières, ou de la troisième République de J. Ferry, de rendre le savoir accessible à tous, de conjoindre l’universalité du savoir et l’universalité du public. L’UP est ouverte, sans discrimination financière (gratuité), sans présupposition ni délivrance de diplôme (toujours sélectif, donc excluant) : vient qui veut, selon son désir et son plaisir (UP de Caen).
Mais il y a d’autre choix possibles : le peuple, ce sont les couches populaires, les classes économiquement dévalorisées, au capital culturel non bourgeois : la classe ouvrière au sens marxiste, ou les plus démunis pour ATD Quart-monde.
Il semble que certaines UP alternatives trouvent que leurs participants ne sont pas assez « populaires ». Le problème est alors posé en termes de meilleure communication : comment les « faire venir » ? La pratique de l’UP ATD Quart-Monde montre qu’il s’agit plutôt « d’aller vers », de se rendre auprès de ce public, et de travailler sur place. La tension entre « faire venir » et « aller vers » est ici palpable : pour les plus pauvres, le rapport au savoir va passer par un rapport personnel, interindividuel, affectif…
- On mesure ainsi la tension entre « Université » et « Populaire ».
Selon le public visé (toutes les couches sociales ou les plus populaires, voire les plus pauvres), le savoir, le rapport au savoir, les méthodes d’acquisition sont différemment interpellés. Transmettre un savoir savant de haut niveau théorique aux plus démunis financièrement et cultirellement est un défi linguistique et conceptuel bien plus ambitieux qu’aux classes moyennes, déjà familières de certains savoirs et méthodes pédagogiques…
La dimension politique des UP
L’expression UP est en France un enjeu politique, puisque S. Royal pour la gauche, et un élu de droite ont tenté de labelliser le sigle, ce qui aurait empêché toute autre personne ou groupe de l’utiliser, même s’il existait déjà…
Une UP doit-elle être socialement et politiquement engagée ?
L’UP de Caen, pourtant initiée en rupture avec l’université classique par le libertaire M. Onfray, porteur d’une contre histoire de la philosophie, vise selon G. Poulouin moins une transformation sociale qu’une compréhension du monde pour s’y inscrire, mais sans préjuger de cette inscription, qui pourrait si elle était proposée constituer un enrôlement. D’autres UP, comme celle de Roubaix, visent une compréhension pour transformer la société, et portent comme elle dans leur sigle le qualificatif de citoyen (ex : les deux UP du 93), qui recouvre ici toutes les nuances de la gauche française (anarchiste, trotskiste, vert, socialiste…). Isabelle Stengers rappelait à la tribune que la gauche, selon Deleuze, a besoin de gens qui pensent. Certaines UP sont d’ailleurs liées à des syndicats (Bruxelles et Liège, Perpignan), même si elles se démarquent d’une formation spécifiquement syndicale. P. Corcuff situe ainsi les UP françaises dites « alternatives » depuis 2002 comme une contribution à la nébuleuse alter mondialiste…
Cet engagement pose la question, très débattue au 3ième printemps des UP, de l’indépendance de pensée d’une UP dès lors qu’elle est aidée financièrement ou pour ses locaux. C’est un point de vigilance pour nombre d’UP dans ce cas de figure…
Dernier point à ce niveau ; une UP peut-elle parler librement de tout ? On constate par exemple que l’UP francophone de Bruxelles tient ses activités en français et n’a pas abordé, dans son cycle « pensées de crise », les problèmes actuels de la Belgique… Qu’en sera-t-il de la nouvelle UP de Montréal de la réflexion sur les « arrangements raisonnables » (il existe déjà à Montréal une UP anglophone) ?
La question pédagogique
La pédagogie est aussi un enjeu dans les UP. P. Freire, dont l’œuvre a été développée dans une intervention, ne parlait-il pas de « pédagogie de conscientisation », prônant la « politisation de la pédagogie » ? La question est récurrente depuis le premier Printemps.
Si tous évoquent la question du sens du savoir, la motivation liée à la démarche de ceux qui viennent, et le plaisir d’apprendre, il y a débat entre ceux qui mettent en avant leur pratique de transmission de savoirs (conférences), souvent issus de l’université où c’est une pratique habituelle ; et ceux qui préfèrent, en rupture avec les habitus de l’université, une participation active des acteurs, sous la forme notamment d’ateliers, avec une approche fondée sur la tradition de l’éducation nouvelle, les méthodes actives des mouvements pédagogiques et d’éducation populaire, les théories socio constructivistes des sciences de l’éducation. L’UP de Bordeaux, après six mois d’expérience et 40 conférences, analyse la « violence symbolique » d’une telle méthode. L’UP de Paris 8, qui refuse tout programme a priori de cours, va jusqu’à reconnaître à ses étudiants, sans diplôme universitaire, un statut d’animateurs-chercheurs (au sens universitaire des méthodologies de recherche)…
M. Onfray avait lancé une formule de compromis, avec le format « une heure d’apport puis une heure d’échange et de débat ». Elle paraît encore trop magistrale à certains, qui parlent de co-construction des savoirs. Ont même été évoquées d’autres pistes : celle de « l’échange des savoirs », et même celle de la création de savoirs (la mise en mots d’un vécu ou d’une situation d’oppression par ATD-QM dans des groupes de parole, ou les contenus engagés de certains organismes ou associations d’alphabétisation). La pédagogie de Jaccotto et et la figure du « maître ignorant » de J. Rancière, même si elles ont été relativisées, ont été évoquées. Le rôle de l’échange et des débats apparaît ici comme essentiel.
Il est souligné en tout cas l’intérêt de diversifier les formes pédagogiques d’intervention : conférence, formes de traitement des apports en amont et en aval des conférences (les deux heures de Caen), cours dialogiques à Lyon (plusieurs points de vue proposés), ateliers etc. Cela s’impose d’ailleurs avec certains publics. L’espace peu institutionnalisé de certaines UP ouvre de ce point de vue un espace des possibles pédagogiques, plus généralement de nouvelles pratiques sociales, revisitant de manière instituante la nature du et des savoirs, les modes de rapport au savoir, les formes de son élaboration et de son appropriation. L’UP de Narbonne donne avec M. Tozzi l’exemple de son pôle philosophie, avec un atelier philo pour enfants, un atelier philo pour adultes, un séminaire sur Marx, des cafés philo, des banquets philo, mais aussi des conférences demandées par les participants, des tables rondes (et pourquoi pas des rando philo etc. ?), bref un lieu d’expérimentation de « nouvelles pratiques philosophiques »…
La réflexion sur la relation entre émancipation individuelle et émancipation collective était au cœur des débats. On peut donner en effet la priorité dans l’UP à l’autonomie individuelle des personnes par la culture ou à l’émancipation collective de groupes ou de classes sociales. Marx, contrairement à une lecture habituelle, affirmait – comme d’ailleurs Jaurès – l’importance de l’émancipation individuelle, et c’est le triomphe du « logiciel collectiviste » (P. Corcuff), qui a recouvert cette dimension au profit d’une interprétation purement collective. Dans une société individualiste, la question doit être reposée dans une UP de l’articulation entre l’individuel et le collectif, tant dans sa dimension politique que dans les formes pédagogiques proposées.
Gageons que le prochain Printemps, qui se tiendra à Aix-en-Provence fin juin 2011, se saisira de ces questions, mais aussi de nouvelles problématiques…
(1) On trouvera les CR des précédents Printemps des UP dans les numéros de Diotime : n° 31 pour le premier, n° 34 pour le second, n° 38 pour le 3ième, n° 42 pour le 4ième, sur le nouveau site du portail des revues du SCEREN-CNDP (Education Nationale) :
http://www.educ-revues.fr/diotime/
L’UP de Bruxelles a prévu de publier les principales interventions dans un prochain numéro des Cahiers du fil rouge, que nous signalerons dans notre rubrique informations dès parution (Le numéro 12 avait pour titre « Pour une Université populaire à Bruxelles »).
Michel Tozzi
Annexe : Aperçu du programme du 5ième Printemps
Sur le plan méthodologique, nous avons le sentiment qu’un « bon » printemps doit réunir de front plusieurs modes de rencontre :
- des temps formels et informels de rencontre du réseau, que les UP puissent se rencontrer et les représentants apprendre à se connaître ;
- des temps d’échanges de pratiques autour de thèmes, en groupes de travail ;
- des temps d’exposés, d’apports plus théoriques ou conceptuels.
Pour tenter de répondre à ces différentes préoccupations, le programme final prévoit ainsi :
- des temps de travail spécialisés autour des 5 Ateliers ;
- des temps de travail communs en 3 assemblées plénières;
- des moments informels, festifs, de visites qui vous donneront quelques clés d’entrée concrètes dans notre expérience bruxelloise (2 visites, et une « petite fête entre amis »).
JEUDI 24 juin 2010
12H00 : Accueil des participants et lunch
14H00 – 17H00 :
ATELIER 1 : qu’enseigne-t-on dans nos universités populaires ?
En quoi les UP se distinguent-elles des autres lieux d’apprentissage ? Par la production de savoirs critiques ? Par la production de savoirs partagés ? Par un subtil équilibre entre l’exigence intellectuelle et la démocratisation des savoirs ? Par la création d’outils pour « penser par soi-même » ?
Et sur quels objets portent ces savoirs ? La compréhension du monde ? Les sciences ? La philosophie ? Une approche socio-économique ? Politique ? Ou par une tentative de décloisonnement et de rencontre entre ces disciplines ?
Animateur : Michel TOZZI (philosophe, UP Narbonne).
Co-Rapporteurs : Marc RENSON
Premières interventions :
- la formation mutuelle, l’échange des savoirs : sur la production de savoirs critiques, contribution d’Eugène CALSCHI (UCP 93 de Bobigny) ;
- la Nuit de la philosophie à Montréal : Marianne DI CROCE et Frédéric LEGRIS (UP de Montréal) ;
- décloisonner philosophie et économie (Cf le livre de Charles Antoni et J.-P. Crépin, préfacé par Paule ORSONI, de l’UP Arras.
18H00 : Visite d’une Ecole de promotion sociale et remise de diplômes.
Cette visite introduit le Groupe de travail n° 2 du vendredi 25 juin. Pour une partie importante du public adulte de l’éducation populaire à Bruxelles, la question de la certification et du diplôme reste « essentielle ». Une expérience conjointe entre l’Ecole de promotion sociale, le Collectif alpha et l’UP aboutira, sur base de production de chefs-d’œuvres, à la remise de diplômes du CEB (certificat d’études de base) à des personnes ayant suivi des cours d’alphabétisation.
Peut-on produire des savoirs critiques et les faire certifier ? Animateur : Alain LEDUC (Echevin en charge de la promotion sociale à Saint-Gilles, partenaire de l’UP de Bruxelles) et Patricia VAN HEMELRYCK, (Directrice).
Interventions :
- présentation de la Promotion sociale en Communauté française de Belgique
Anne LOONTJENS (Collectif alpha, UP de Bruxelles) présentera la préparation du CEB.
6 Remise des diplômes par les invités du 5ème Printemps des UP.
19H30 : verre de l’amitié et buffet de sandwichs partagés avec les élèves des cours de Promotion sociale.
Soirée libre vers 20H00
VENDREDI 25 juin
8H30 : Accueil des participants
9H00-12H30 :
ATELIER 2 : certifier les apprentissages – même critiques ! – d’adultes en milieu populaire, n’est-ce pas un combat pour les UP ?
Une partie importante de la population bruxelloise (et plus de 2/3 des demandeurs d’emploi) ne dispose pas de diplôme supérieur à l’Enseignement Secondaire Inférieur. Bien sûr, de nombreux dispositifs de formation professionnelle sont à leur disposition. Mais ces adultes sont de plus en plus nombreux à souhaiter « reprendre des études » supérieures ou s’inscrire dans des cursus « d’analyse sociale critique » dans des projets d’éducation populaire ou d’université populaire.
Les UP veulent-elles combattre le « déterminisme » socio-éducatif, la reproduction des inégalités face à l’accès aux savoirs ? Même si un certain nombre d’expériences vont dans cette voie, le « processus de Bologne » ne va-t-il pas limiter ou empêcher toute reprise d’études à des adultes qui le souhaitent ?
Un enjeu de société majeur pour les années à venir … pourquoi les UP n’en feraient-elles pas leur enjeu, leur combat ?
Animateur : Alain LEDUC.
Co-Rapporteurs : Thierry WALRAEVENS
Premières interventions :
- la préparation du Certificat d’Etudes de Base par une association d’éducation populaire, le Collectif d’alphabétisation (présenté la veille au soir): Anne LOONTJENS (Collectif alpha, UP de Bruxelles),
- des modules « citoyenneté » et la préparation au Certificat d’Etudes de Base (CEB), un projet en partenariat entre l’UP de Bruxelles, le Collectif alpha (association d’éducation populaire) et l’école de Promotion sociale ;
- l’expérience de Paris VIII : Nicolas FASSEUR et l’équipe pédagogique de l’UPP8 : Yvette Moulin et Amar Si Hadj Mohand (formateurs) et Mazou Chardenet et Ophélie Beaujois (chercheurs, Université de Paris VIII et UP de Paris VIII).
Un projet intégré de filière universitaire et d’une université populaire, présenté à Bobigny en 2009 : bilan d’une première année d’expérience ;
- notre projet de filière « ouverte » de reprise d’étude à Bruxelles : l’examen d’entrée à l’Ecole Ouvrière Supérieure : Sophie GOLDMANN et Danielle NOOTENS (EOS, UP de Bruxelles)
- la valorisation des acquis de l’expérience, une porte entr’ouverte : Mejed HAMZAOUI (l’Institut des Sciences du Travail de l’Université libre de Bruxelles) ;
- créer une année préparatoire à la reprise d’études supérieures : Alain LEDUC (CFS, UP de Bruxelles).
- Discussion
12H30 : repas
14H00-17H00 :
ATELIER 3 : quelle pédagogie pour les adultes en milieu populaire ?
Que veut dire « populaire » pour les Universités populaires ? Simplement ouvertes au public, à tous les « citoyens », sans conditions ? Ou avec une attention particulière aux « classes populaires » ? Ou les deux ?
Si les UP le souhaitent, comment, au-delà de l’ouverture citoyenne, travailler en UP avec un public « populaire », voire profondément en situation d’exclusion sociale ? Voulons-nous combattre la « reproduction du système social et la sélection », le déterminisme socio-éducatif ? Si oui, comment ? Comment l’expérience des associations d’éducation populaire peut-elle alimenter le caractère « populaire » de nos UP ? Quelle complémentarité entre Education populaire et Université Populaire ?
De plus, s’agissant de formations d’adultes, n’y a-t-il pas des pédagogies spécifiques à mettre en œuvre ? Par exemple dans le sens de l’« auto-socio-construction des savoirs et des pouvoirs » ? Et quelle est la participation du public au projet des UP ?
Animatrice : Corinne TERWAGNE (Directrice pédagogique de CFS, association d’éducation permanente)
Co-Rapporteurs : Anne LOONTJENS (Coordinatrice du Collectif Alpha, association d’éducation permanente)
Premières interventions :
- l’expérience historique de Paulo FREIRE : une « pédagogie de la libération » dans les favelas brésiliens : Julia PETRI (ITECO) ;
- l’expérience de l’alphabétisation des adultes à Bruxelles + extrait FILM : Catherine STERCQ, Directrice de Lire et Ecrire en Communauté française ;
- l’expérience des UP d’ATD Quart-Monde : partager et construire des savoirs avec des populations en situation d’extrême pauvreté : Elena FLORES (ATD-QM / Belgique) + extrait FILM ;
- impliquer le public à la définition de la programmation des UP ? : Danièle LAVENIR et Julie PELLET, UP CAPI – Isle d’Abeau.
17H00 : interruption
18H00 : réunion plénière n° 1. Séance inaugurale.
- Accueil à Bruxelles et objectifs de ce 5ème printemps : Mateo ALALUF et Alain LEDUC (UP de Bruxelles) : « Bienvenue en Belgique, Bienvenue à Bruxelles, Bienvenue à Saint-Gilles » ! Le pays du surréalisme … Un duo improbable J avec Claude SEMAL (chanteur populaire bruxellois)
- Présentation des UP présentes (1)
20H30 : départ collectif aux Ateliers du Midi, 54 rue de Mérode, 1060 Bruxelles, et repas sur place.
SAMEDI 26 juin
8H30 : Accueil des participants.
9H00-12H30 :
Réunion plénière n° 2. « Quelques contributions générales au débat ».
Co-Présidence Mateo ALALUF / Alain LEDUC.
Co-rapporteurs : Myriam AZAR et Rose Marie GEERAERTS.
Présentation des UP présentes (suite)
Trois contributions … à débattre !
- L’histoire multiple qui a abouti au projet de l’UP de Bruxelles : FILM et présentation à plusieurs voix (Alain LEDUC, Mateo ALALUF, Rose Marie GEERAERTS, Mohamed EL YAHYAOUI, Eric BUYSSENS, Fabian DEFRAINE) ;
- la coopération conflictuelle des intellectuels et du peuple : thèse de Joackim REBECCA (projet d’UP du travail social à Montpellier) ;
- quelques enjeux et questions pour les universités populaires alternatives en France : Philippe CORCUFF (UP Lyon et Nîmes).
Quel bilan tirons-nous de la démarche de Michel Onfray (plate forme de 2002), des projets qui ont « essaimé », des réussites et des échecs, des questions qui traversent les UP françaises aujourd’hui ?
- Discussion
- Conclusion : contribution d’Isabelle STENGERS (philosophe, ULB).
12H30 : repas
14H00-17H00 : mise en place de deux nouveaux Groupes de travail.
ATELIER 4 : comment prendre en compte la multiculturalité dans nos UP ?
Dans toutes les grandes villes européennes se pose la question des flux migratoires, et aujourd’hui de la présence importante de populations très diversifiées : 50% d’étrangers dans la Commune qui vous accueille, et une importante population d’origine étrangère aujourd’hui naturalisée. Sans compter les arrivants récents, légaux (ouverture européenne à l’est) et « illégaux ». En pratique, ¾ de la population est d’origine étrangère récente …
Comment un projet d’UP peut-il et doit-il prendre en compte cette diversité ? Comme une contrainte ou comme un atout ? Quelles pratiques mettre en œuvre pour favoriser l’échange des expériences de cultures très diverses dans le cadre d’une laïcité politique ? Pour « intégrer » et « émanciper » ces populations souvent très défavorisées ? Les apports du « siècle des Lumières » sont-ils un apport universel ? Et/ou comment tenir compte des représentations et histoires « différentes » et liées à l’histoire spécifique des courants migratoires ? Les UP enseignent-elles des savoirs « universels » ?
Animatrice : Myriem AMRANI, coordinatrice de programmes de cohésion sociale, membre du conseil de programmation de l’UP de Bruxelles.
Co-Rapporteurs : Fatima BOURARACH (CAL) et (à désigner).
Intervenants :
- comment l’UP de l’Ile Maurice aborde la multiculturalité ? Joseph CARDELLA, Président de l’UPIM (UP de l’Ile Maurice).
Présentation de la société multiculturelle à Maurice en lien avec l’esclavage et l’engagisme (l’arrivée, après l’abolition de l’esclavage, des travailleurs indiens, organisée par la puissance coloniale britannique et les colons du pays) ;
- mise en perspective du grand foisonnement multiculturel de Bruxelles, et plus largement sans doute, des grandes villes européennes, sur les « accommodements raisonnables » en formation d‘adultes et la gestion des « conflits culturels » : Simon TREMBLAY-PEPIN et Emmanuelle SIROIS (UP de Montréal) ;
- comment la communauté flamande de Bruxelles voit la question de l’immigration : Loredana MARCHI (De Foyer).
ou :
ATELIER 5 : Quels liens entre émancipation individuelle et émancipation collective ?
Dans les années 70, les projets émancipateurs se définissaient comme « collectifs », l’individu était considéré comme une simple partie du groupe. Viser l’émancipation collective, c’était donc ipso facto aboutir à l’émancipation individuelle.
Les années 2000 voient à l’inverse mettre en valeur l’individualisme, qui d’ailleurs n’est pas incompatible avec des engagements collectifs. Mais ici, c’est l’individu « libre » qui choisit de contribuer au progrès du collectif.
En fin de 4ème Printemps à Bobigny, Philippe CORCUFF rattachait les UP (avec d’autres composantes de la société civile) à une « galaxie émancipatrice ». Mais qu’est-ce que l’émancipation ? Quand est-elle individuelle ? Quand est-elle collective ? Quel est le lien entre l’émancipation individuelle et l’émancipation collective ?
Animateur : Mateo ALALUF
Co-Rapporteurs : Gérard POULOUIN (Caen) et Michèle COPPENS (UP BXL)
Intervenants :
- quels liens entre émancipation individuelle et émancipation collective ? : Philippe CORCUFF (UP Lyon et Nîmes) ;
- Le décret sur l’éducation permanente en communauté française: catalyseur de dissolution et/ou de solidification de nos pratiques émancipantes ? : Jean-Luc DEGEE (UP de Liège) ;
- l’enjeu : donner un contenu émancipateur au concept de « formation tout au long de la vie »
Eric BUYSSENS (FGTB de Bruxelles).
17H30 : visite « alternative » de Bruxelles (en autocar)
- Petite visite « alternative » de Bruxelles, pilotée par Guido VANDERHULST. L’intention est de présenter la diversité sociale, culturelle, urbanistique et patrimoniale de Bruxelles, avec un guide dont le fil conducteur est l’histoire sociale.
Nous traverserons quelques lieux-clés, symboliquement forts, et qui expliquent la dualité de la Ville (à la fois « européenne » et avec une population très pauvre).
La visite se terminera par une visite privée du Musée HORTA, 25, rue Américaine à 1060 Bruxelles (Saint-Gilles), avec Madame Françoise AUBRY, Conservateur.
19H30 : Grande Soirée festive, gastronomique et culturelle du 5ème Printemps
La soirée est ouverte aux partenaires du secteur de l’éducation populaire associés au 5ème printemps.
20H00 : Spectacle de Sam TOUZANI, « Liberté, Egalité, Sexualité »
One man show de Sam TOUZANI, artiste bruxellois. Il parvient à la fois à conserver les valeurs de l’histoire sociale de l’immigration marocaine (dont un courant, celui de Mohamed EL BAROUDI a alimenté le projet d’UP à chaque étape), et à la fois à tenir et conserver un discours très critique par rapport au pouvoir marocain, à l’islamisme et au machisme.
La critique a été unanimement enthousiaste ! Une occasion de le découvrir …
Repas de spécialités bruxelloises et gâteau du 5 Printemps des UP
Fin vers 23H00
DIMANCHE 27 juin
8H30 : accueil
9H00-13H00 :
Réunion plénière n° 3 : rapports des groupes de travail et synthèse
Coprésidence Alain LEDUC et Mateo ALALUF
- Présentation des UP présentes (suite et fin).
- Rapport des 5 ATELIERS.
- Synthèse des travaux du 5ème Printemps par Michel TOZZI.
13H00 : repas.
14H00 : départ.
Merci à ceux qui soutiennnent ce 5ème printemps :
La Région de Bruxelles – Capitale (cellule « Image de Bruxelles »)
Soutien financier
La Communauté française de Belgique
La Commune de Saint-Gilles
Soutien financier et en services
L’Université populaire de Bruxelles asbl
Organisation générale, soutien du conseil d‘administration et du conseil de programmation
Le Collectif Formation Société (CFS asbl)
Coordination opérationnelle de l’événement, chargée d’éditer les actes de la rencontre dans un numéro spécial de « Fil rouge »
La FGTB de Bruxelles
Soutien financier
L’asbl Starting Block
Mise à disposition et organisation des salles
L’asbl Banlieues
Entreprise d’économie sociale dans le secteur des medias et nouvelles technologies, charge de la logistique générale
L’asbl Innovasport
Entreprise d’économie sociale dans le secteur HORECA, chargé du catering général de l’événement
L’asbl Musée Horta
Organisation de la visite privée en soirée
L’asbl La Charge du Rhinoceros
Organisation du spectacle de Sam TOUZANI