Philotozzi L'apprentissage du Philosopher

Apprendre à philosopher en parlant

Il ne suffit pas de parler pour penser, car la parole doit être travaillée pour enter dans un rapport réflexif   au savoir. Mais alors que les théories socioconstructivistes établissent   un rapport entre les pratiques langagières d’interactions et les démarches d’élaboration des connaissances, la didactique du philosopher s’interroge encore pour savoir si on peut apprendre à philosopher en parlant, notamment sous forme…

discussionnelle.

En effet le paradigme de l’enseignement philosophique affirme que l’on apprend à philosopher en écoutant les leçons d’un maître, en lisant les grands philosophes ou en rédigeant des dissertations. Quant à l’oral, il est renvoyé à la session de « rattrapage », et la discussion en classe cautionne le règne de l’opinion à laquelle il faut arracher l’élève. Pouvoirapprendre à philosopher en parlant est donc contesté.

Pourtant l’expérimentation de la philosophie en lycée professionnel, les pratiques d’établissement expérimentaux et depuis cinq ans le développement de discussions à visée philosophique à l’école primaire et au collège interrogent ce qui pourrait n’être qu’une doxa philosophique. Les pratiques sociales de Socrate ou des sophistes étaientorales, et la disputatio était un genre dominant au Moyen Age.

L’émergence de discussions à visée philosophique (DVP), en amont de la terminale, pourrait être un analyseur du croisement de missions essentielles de l’école (maîtrise orale de la langue et éducation à la cotoyenneté), avec le déficit sociétal de sens, répercuté dans la crise scolaire du sens du rapport au savoir et à laloi, où dans le déclin des institutions et l’effondrement des utopies, les individus doivent inventer la signification de leur vie.

•  En quoi la DVP, en tant qu’interaction spécifique portant sur des questions universelles, peut-elle contribuer à la construction identitaire de sujets?

•  En quoi cette communauté de recherche peut-elle permettre à chacun de penser par lui-même ?

•  Quelest le rôle du maître dans la constitution d’un rapport non dogmatique et exigeant au savoir,   par une culture commune de la question, et la vigilance sur des processus de problématisation, de conceptualisation et d’argumentation ?

•  Quel est l’enjeu des dispositifs proposés dans une perspective de socialisation démocratique, pour que les idées circulent par des règles et des fonctions favorisant un rapportcoopératif au pouvoir, et une éthique discussionnelle ?

•  Quels types de compétences cognitives, sociales, de « savoir philosophique » sont développés par cette innovation ?

C’est à élaborer cette problématique et dégager quelques pistes que s’attachera notre contribution.

M. Tozzi, Les activités à visée philosophique en classe :l’émergence d’un genre, CRDP Bretagne, 2003.

Tozzi Michel, professeur en sciences de l’éducation à Montpellier III (B-2)

 

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